La vérité est-elle toujours convaincante ?

C’est un des sujets du bac philo cette année. Et c’est une question qui résonne au quotidien chez tous les communicants d’aujourd’hui.

Parce que dans nos métiers — communication corporate, communication interne et managériale, relations publiques, affaires publiques… — nous savons que la vérité est une condition toujours nécessaire mais rarement suffisante… À l’ère des fake news, elle peut être en effet ignorée, étouffée, déformée, partiale ou partielle, mal interprétée, instrumentalisée. Elle peut même susciter le rejet. Elle n’est donc pas toujours convaincante. Et elle n’est pas toujours audible face aux croyances, préjugés et expériences personnelles de chacun. C’est d’ailleurs en cela que toute vérité n’est pas toujours bonne à dire, ou alors « pas avec n’importe qui » comme disait Pierre Desproges.

Dans un espace public saturé, où l’opinion est fragmentée, l’attention disputée et la défiance généralisée, convaincre demande donc bien plus qu’une vérité brute. Elle demande une mise en récit, en perspective, mais aussi de l’alignement, de la pédagogie, et parfois, souvent, du courage et de la conviction. Parce que dans un monde envahi par la post-vérité, affirmer le vrai devient un acte politique ou managérial fort. Elle demande donc aussi, au-delà du rationnel et de la nécessaire discipline de la preuve, de l’épaisseur humaine et émotionnelle, pour toucher aux expériences et entrer en résonnance avec les publics.

Ce que nous construisons avec les dirigeants que nous accompagnons, ce n’est pas une vérité arrangée ou opportuniste. C’est une vérité incarnée, contextualisée, assumée. Qui fait sens pour leurs équipes, leurs clients, leurs actionnaires, leurs partenaires, la société, inscrite dans les fondamentaux d’identité de l’organisation.

Ce n’est pas un vernis de sincérité : c’est une architecture narrative. Un travail lent, précis, systématique, stratégique. Un engagement qui se lit au jour le jour dans les mots, les silences, les décisions et les actes.

Alors non, la vérité n’est pas toujours spontanément convaincante.

Mais elle est la seule et unique base solide sur laquelle bâtir une parole durable parce qu’authentique.

Et c’est bien ce qui rend notre métier exigeant, passionnant, essentiel et, osons le mot, stratégique pour les dirigeants.